Les dossiers Travail au Japon - n°2 : le karoshi

La durée légale du travail au Japon est de 40h/semaine. Mais nombreux sont les salariés à cumuler les heures supplémentaires, parfois même jusqu'au karoshi, la mort par excès de travail (crise cardiaque, AVC, suicide...), telle cette jeune femme de 24 ans, employée dans une agence de communication, qui a effectué 105 heures supplémentaires le mois précédant sa défenestration, tout en n'en déclarant "que" 70 sous la pression de son supérieur hiérarchique. L'entreprise avait déjà été reconnue responsable d'un précédent décès en 1991. Elle est suspectée par l'inspection du travail d'avoir institutionnalisé le sur-travail.

De fait, il est mal vu de partir tôt du travail, surtout avant le chef. Il existe même une formule de politesse spécifique pour s'esquiver le plus en douceur possible : "O-saki ni shitsurei shimasu !", "Désolé de partir avant vous !". 

Les entreprises ne paient même pas toujours les heures supplémentaires effectuées... L'inspection du travail a ainsi sommé 1 348 d'entre elles de payer quelque 82 millions d'euros d'impayés 2015 à leurs employés. Et le nombre d'entreprises contrevenantes est en hausse, même si le montant des impayés diminue pour la première fois.

Les autorités tentent de faire évoluer les mentalités afin d'améliorer la santé au travail, mais aussi la productivité horaire, car le "présentéïsme" est plutôt inefficace : les Japonais ont une productivité 40% plus faible que les Américains. Un seizième jour férié a été créé en 2016. En outre, comme au Canada, lorsqu'un jour férié tombe un dimanche, il est récupéré le lundi. Mais le problème est que nombre de Japonais ne les prennent pas ! Il en est de même pour les congés payés : les salariés ne prennent en moyenne que la moitié des 20 jours de congés auxquels ils ont droit après 6 ans et demi d'ancienneté dans leur entreprise. Un projet de loi vise donc à forcer les travailleurs à prendre au moins 5 jours de congés par an...